Interview : Nathalie Lelièvre

Depuis son arrivée dans les années 75, la planche à voile a suscité des vocations, de l’enthousiasme, créé des mythes, des histoires incroyables, engendré aussi, parfois, des drames. Des hommes et des femmes ont marqué cette histoire, comme ils ont marqué celle du magazine que vous tenez entre vos mains. Petits retours en arrière en quelques figures emblématiques…

Nous continuons cette série de « Que sont-ils devenus? » par la petite sirène. La force tranquille venue du Sud, polyvalente dans toutes les disciplines, showgirl malgré elle, reine absolue de l’Indoor : 

 

Nathalie Lelièvre

Comment es-tu venue au windsurf?

Tout bêtement! Il y avait des copains de ma sœur qui en faisaient. Habiter à Hyères, au bord de la mer, ça aide aussi pas mal – si j’étais née à Val d’Isère, j’aurais skié! Je faisais beaucoup de natation à ce moment-là, mais lorsque j’ai essayé la planche à voile, je n’ai plus arrêté. La première fois, je suis montée sur une planche le matin, j’ai arrêté le soir, je n’avais plus de doigts!

 

Quelles ont été tes principales victoires?

J’ai été deux fois championne d’Europe en Open, huit fois championne du monde en World Cup et treize fois en Indoor entre 1990 et 1998. Au début, c’était plutôt course racing et slalom et à la fin, j’aimais vraiment bien les vagues en fait. On passait les trois quarts de l’année sous les Tropiques, c’était absolument génial. Et évidemment, cela m’a permis de progresser dans des conditions parfaites la plupart du temps.

 

Dès le début de carrière, tu as eu des sponsors?

Oui, dès mes premières victoires, à dix-sept ans. En 1995, je suis entrée dans la team Mistral, j’avais une Audi (mais pas de permis, car trop jeune!), tout était pris en charge, c’était vrai- ment la grande époque de la planche à voile! Jusqu’à la loi Evin, on a profité de cette manne financière qui a bien servi l’engouement pour ce sport “fun”.

 

Combien de temps as-tu couru?

Ma dernière course a été l’indoor au Stade de France, en 1998.

 

C’est quelque chose que tu aimais vraiment?…

Oui, je ne sais pas si j’en ai perdu trop des indoors (rires). Ce que je ne parvenais pas à gagner, c’était le Championnat de suis jamais vraiment sentie “showgirl”. On m’en a parfois vou- lu à cause de ça, je n’étais pas très forte côté médiatisation… Mais oui, tu as raison, on est bien porté par le public! Bercy, c’était énorme, mais ce qui m’importait le plus, c’était courir, gagner… J’accordais beaucoup d’importance à ma préparation, à mon matériel. J’aimais ça et c’était aussi une partie de mon travail : je donnais mon avis sur le développement des voiles, des ailerons… C’était – et c’est toujours – un sport très technique et la moindre erreur dans le choix de matériel se paie cash.

 

Quand et comment as-tu décidé de mettre un terme à ta carrière?

Je ne sais pas trop. J’imagine que j’avais fait le tour, qu’il y avait une sorte de trop-plein… Dans ma tête, je voulais absolument fonder une famille, j’avais déjà trente ans. Et j’avais surtout décidé d’arrêter le funboard pour me consacrer à la planche olympique et là, ça a été le grand drame de ma vie lorsque je n’ai pas été sélectionnée pour les Jeux de Barcelone, en 1992, alors que j’avais toutes mes chances. Participer aux Jeux, c’est le summum d’une carrière sportive en fait.

 

Et aujourd’hui?

Je me suis reconvertie dans “Maman à plein temps”! Côté sport, je fais un peu de kite avec mes garçons, un peu de ski… Tranquille, quoi!

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