Interview  : Robert Teriitehau

Depuis son arrivée dans les années 75, la planche à voile a suscité des vocations, de l’enthousiasme, créé des mythes, des histoires incroyables, engendré aussi, parfois, des drames. Des hommes et des femmes ont marqué cette histoire, comme ils ont marqué celle Planchemag. Petits retours en arrière en quelques figures emblématiques… 

Nous débutons cette série de « Que sont-ils devenus? » par l’enfant terrible. L’esprit tahitien, la vie à 200 à l’heure entre l’Europe, Hawaï, Tahiti, la Nouvelle-Calédonie, l’imagination toujours en éveil : 

Robert Tériitehau

Comment as-tu découvert la compétition?

Grâce à mon frère, encore! À ma première course, j’ai pris un tour de retard sur le dernier, j’étais vraiment vexé. De là, j’ai mis les bouchées doubles et six mois plus tard, j’étais champion de Calédonie, neuf mois plus tard champion de France avant de de- venir, un an et demi après, champion du monde en Dufour Wing au Portugal, en 1983. En fait, à Mandelieu-la-Napoule, je suis devenu vice-champion de France Dufour Wing derrière Jean- Pierre Kelbert. On gagne chacun un billet pour les mondiaux au Portugal où je m’impose dans 25/30 nœuds de vent. Mais j’avais manqué le lycée pendant presque trois semaines et comme je n’avais pas eu l’autorisation de m’absenter, j’ai été mis à la porte à mon retour.

 

Il y avait une belle épreuve à cette époque à Nouméa?

Oui, c’était la Nouméa Dream Cup. Je l’ai gagnée, devant Randy Naish, Bobby Wilmot, Phil McGain, Bruce Wylie, avec un beau prize-money à la clé cette fois-ci, ce qui m’a permis de repartir, d’abord en France pour le championnat national, puis à Weymouth pour ma première semaine de vitesse, avec des clients comme Arnaud de Rosnay, Pascal Maka, Fred Haywood, Klaus Simmer, Ken Winner… C’est là que j’ai rencontré Fred Beauchêne qui m’a proposé de courir pour Browning. En vitesse, j’ai fait recordman de France, d’Europe et troisième temps mondial. J’ai commencé à travailler avec Browning pour le développement des planches de série.

 

Tu avais des sponsors?

Oui, Browning fournissait le matériel et un peu d’argent. Mais je naviguais avec mes propres protos quand même, j’avais plus confiance ! C’est à ce moment-là que Fred m’a proposé de courir à La Torche. Je rentre dans les cinq premiers en Course Racing, je gagne devant Robby en slalom. Là, les portes se sont ouvertes pour moi, en grand ! Je suis parti à San Francisco, en Allemagne, à Hawaï, au Japon pour la finale. J’ai fini vice-champion du monde en slalom, troisième en course racing et troisième mondial. J’ai reçu beaucoup de propositions, j’étais un peu perdu à vrai dire… Je suis resté deux ans de plus chez Browning afin de passer chez Fanatic pendant trois avant d’arriver chez Bic avec qui j’ai passé seize belles années. Il y a aussi eu la période Indoor, avec trois titres de champion du monde…

 

Tu imaginais ce que tu ferais après la planche ou tu profitais au jour le jour ?

Tu sais, quand on est jeune, on est un peu… fougueux! Et ma reconversion, je n’y pensais pas du tout. J’ai acheté des voitures : Ferrari, BMW M3, des bateaux aussi, c’était la fiesta, la grande vie !

 

Que fais-tu aujourd’hui?

J’ai développé une gamme de Stand Up Paddle. Et je vais sortir, dans les jours qui viennent, une gamme de foils, SUP foils, surf foils et kite foils.

 

Et ?…

Et j’ai une gamme de quatre boards de windsurf en slalom : 137, 129, 115 et 109 litres et trois planches de vagues : une 89, une 87 et une troisième, sans doute une 91 litres pour les gabarits plus lourds.

 

 

Où peut-on trouver cette gamme?

Écoute, tu es le premier à le savoir, car je n’en ai parlé à per- sonne ! Je veux tout lancer d’un coup, mais je veux d’abord finaliser mon web site.

 

Donc, je ne dis rien, je n’écris rien ?

Si, vas-y, tu peux l’annoncer! Tu vas voir, ça déchire grave! J’ai diminué l’épaisseur du nose, j’ai fait des entrées d’air au niveau du nez, conservé le concave au pied de mât et j’ai creusé l’arrière, avec une sortie comme une Lamborghini… Tu vas halluciner quand tu vas voir ça ! (rires)

 

Comment envisages-tu ton avenir?

Je fais les choses comme je le sens. Maintenant, mon kiff, ce serait de construire un bateau off-shore, un trente pieds, un truc qui marche à 200 à l’heure ! Mais bon, ça, c’est autre chose question budget ! (rires) •••

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