Marcilio Browne : “Je suis moins stressé qu’avant.” !

C’est tout juste sorti de l’eau, en train de dégréer son matériel après une petite session d’une heure à Ho’okipa que nous avons pu échanger quelques minutes avec Marcilio Browne, l’actuel champion du monde vagues et récent vainqueur de l’épreuve Chilienne 5⭐️.

Salut Marcilio, c’était comment le Chili ?

C’était vraiment bien. Je suis arrivé deux jours avant l’épreuve sur place. On a eu la chance de pouvoir naviguer à Matanzas où les conditions étaient bonnes. Mais il y avait 60 ou 70 personnes à l’eau. Du coup, tu navigues pendant deux heures et tu ne prends pas tant de vagues que ça.
Donc on a eu deux jours comme ça, à juste essayer de s’habituer.
Ensuite, au début, on a eu de bonnes conditions. En fait, le début des prévisions était idéal pour Matanzas avec une bonne taille de vagues, parfait pour les tricks, et suffisamment de vent pour se déplacer sur la vague, ce qui est important à cause du courant qu’il y a sur le spot.
Et puis on est passé en demi-finale à Matanzas, et vers la fin, le dernier jour où on devait faire la finale, ça ne s’annonçait pas bien du tout à Matanzas.
Heureusement, l’organisation a décidé d’aller à Topocalma. Et là, c’était un autre monde. Les conditions y étaient vraiment fun. Pas gros, mais il y avait plein de vent et tu pouvais prendre plein de vagues. C’était vraiment fun.

Comment expliques-tu qu’on a l’impression que tu es imbattable en ce moment ?
Non, je pense qu’il y avait beaucoup de gens qui naviguaient vraiment bien. J’ai juste appliqué ce que j’ai appris l’année dernière.
L’année dernière, j’étais peut-être un peu trop impatient, et même si j’avais de bons tricks et de bonnes manœuvres, je n’étais pas sur les bonnes vagues. J’étais souvent sur des vagues plus petites.
Alors cette année, je me suis dit : si je perds, je perds, mais je vais attendre d’avoir les bonnes vagues. Si je ne prends pas la série, ce n’est pas grave. Je perds en attendant, mais j’attendrai pour prendre la série.
Donc j’ai essayé d’appliquer la même méthode que l’an dernier, mais cette fois, je choisissais vraiment bien mes vagues. Ça prend beaucoup plus de temps, tu prends beaucoup moins de vagues dans la manche, mais à la fin tu as un bien meilleur choix des vagues.

C’est quelque chose sur lequel tu as travaillé cet hiver lors de tes dernières sessions ?
Non, pas vraiment. Je veux dire, ce genre de chose dépend beaucoup du spot.
Mais le mois avant l’épreuve, on a eu des journées de vent de Kona ici. J’ai navigué pas mal de jours dans ces conditions, vraiment beaucoup d’heures, juste pour remettre le port tack (vent de gauche) dans ma tête. Et puis j’ai regardé mes vidéos de l’année dernière, et je me suis fait un petit plan dans ma tête.
Genre : juste attendre les bonnes vagues.
Et c’est comme… si tu prends des vagues moyennes, un autre mec peut en choper une grosse et pas faire grand-chose, mais il aura quand même un bon score. Donc c’était ça mon objectif.

Depuis ton nouveau titre, tu navigues avec plus ou moins de pression en compétition ?
Je n’y pense pas tant que ça. Pour moi, un titre, ce n’est pas ce qui compte le plus.
À la fin de la journée, je veux juste être content de ma navigation, de la façon dont je navigue. Et si je navigue comme je veux et qu’un autre gars me bat, c’est OK.
Je veux gagner, bien sûr. Je suis énervé si je navigue mal. Genre, si je ne donne pas mon meilleur, ou si je commets une erreur bête, ça, ça me saoule. Mais je ne pense pas trop au titre mondial de l’année dernière ou de l’année prochaine.
Je pense juste : cette compète, l’année dernière, qu’est-ce que j’aurais pu faire autrement ? Et j’essaie de réfléchir à ça.
Le Japon, c’était pareil. J’ai changé un peu ma planche, et j’ai réfléchi aux erreurs que j’avais faites avant, surtout dans le choix des vagues. Donc ouais, je reviens toujours deux ou trois ans en arrière sur les événements où je vais, et j’essaie de me dire : quelle erreur j’ai faite ?
Tu vois ? Et parfois j’écris à la fin de l’événement certaines choses pour pouvoir les relire l’année suivante et m’améliorer.

Quel rider pourrait te battre en Asie, tu penses ?
Beaucoup de gars. Surtout s’ils ont trouvé un bon rythme.

C’est quoi la différence entre toi et les autres riders ?
Je suis moins stressé qu’avant.
Quand j’étais plus jeune, je me mettais beaucoup plus de pression pendant les compètes.
Et puis, après avoir eu mes enfants, ça a changé. Parce que je tiens toujours autant aux compétitions, mais ce n’est plus comme si c’était une question de vie ou de mort, tu vois ?
Quand tu as 25 ans, tu as l’impression que le monde tourne autour des compètes.
Et maintenant, non. Mes enfants passent en premier, et je suis plus détendu comme ça.
Je n’ai plus aussi peur de revenir à mon ancien moi. Je n’aime toujours pas perdre, mais c’est comme ça.

📸 © Fishbowl Diaries / WWT

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