J’ai eu la chance de me rendre à Puerto Rico à l’occasion de la compétition mondiale « Wind Warrior », classée 4 étoiles sur 5 pour le classement général mondial. Pour vous expliquer brièvement, le nombre d’étoiles est proportionnel aux points perçus par les coureurs afin de se battre pour le titre mondial.
Nous étions une bonne petite équipe guadeloupéenne à s’y être déplacée. Entre les riders pros tel que Antoine Martin, le vidéaste, les riders locaux cherchant un bon délire et les accompagnants. Alors, nous voici tous, accompagné aussi de mon chéri, Morgan Noireaux, prêts à profiter de ce trip.
Nous ne nous sommes pas sentis dépaysés par le climat tropical évidemment mais clairement par l’américanisation de cette île. Mais dès que nous nous rapprochions des endroits plus urbanisé, on trouvait des fast-food tous les 200 mètres, ça m’a marqué ahah…
Maintenant, côté nature c’était splendide : cette île est riche en spots de surf/windsurf et les locaux sont d’un accueil et d’une gentillesse rares. Il est clairement conseillé d’avoir une voiture pour le voyage afin d’avoir la meilleure expérience portoricaine possible. Bon, nous, nous étions dans le cadre de la compétition et les conditions n’ont pas été favorables. Alors, on n’a pas pu voir tant de spots que ça mais ce trip m’a vraiment donné envie d’y retourner en free session avec de bonnes conditions de windsurf car, vraiment, le potentiel de cette île est génial.
Nous avons découvert quatre spots : Surfers, pour faire un petit coup de surf (mais c’est aussi clairement un spot de windsurf quand le vent est là) ; Jobos, pour surfer ; Shaks, le spot d’origine de la compétition ; Zarapas, un autre spot de surf/windsurf où nous avons aussi couru. Nous étions entre 10 min et 1h30 de route de ces différents spots.
L’organisation de la compétition était aussi très cool. A Shaks, nous avions une villa en bord de mer en guise de base, c’était royal. Puis il y a eu tout le temps de la compétition des propositions de moments conviviaux pour passer du temps ensemble, c’était d’un accueil irréprochable. Je trouve vraiment bien et intelligent que la compétition puisse être déplacée, même si c’est à 1h30 de route si ça nous permet de scorer, je suis entièrement d’accord avec cette logique.
Maintenant, le déroulement de la compétition. Honnêtement, je suis profondément déçue de la façon dont les décisions internes ont été prises. Je suis triste d’écrire ça mais je ne vais pas mentir pour autant, je n’ai pas senti de respect pour nous les compétitrices. J’ai rejoint l’IWT, nouvellement WWT, il y a deux ans car plus à l’écoute des riders, à l’écoute des RIDEUSES, ce qui apportait un respect mutuel.
A l’époque, j’avais eu plusieurs mauvaises expériences en compétition PWA avec des réflexions de chef-juge du genre : « Les conditions sont merdiques, on envoie les filles ». C’est ce qui m’a amenée à participer à l’IWT, pour avoir une autre ambiance et j’avais été agréablement surprise.
Pour cet event, tout avait commencé plutôt correctement je dirais. Nous avons fait des heats à Zarapas. Un premier heat a été annulé dans l’incompréhension des coureuses au motif que « les conditions ne sont pas optimum pour que nous puissions nous exprimer ». Oui, il y a eu un moment avec peu de vent, mais c’était toujours exploitable. Alors quand le drapeau d’annulation a été envoyé, nous nous sommes toutes regardées en mode « pourquoi ? » Maintenant, puisque la raison était pour notre bien, nous n’avons pas cherché plus loin. Le second a été annulé car, incontestablement, il n’y avait plus de conditions.
Ensuite, il a fallu attendre l’avant-dernier jour pour avoir du vent. C’est ce jour que j’ai éprouvé, comme toutes les autres compétitrices d’ailleurs, une incompréhension la plus totale envers les décisions internes.
Le vent était light, les vagues d’une bonne taille, le courant très fort. Pour autant, pas de décision interne pour rallonger le heat et donner une meilleure chance aux riders. On s’est toutes mises à l’eau 18 minutes avant notre tour. Le premier heat avait commencé que personne n’a réussi à passer la barre. Quatre minutes après le début, je suis la seule au large et je voyais une compétitrice courir sur la plage pour recommencer sa mise à l’eau et les deux autres toujours à galérer dans les vagues. Il reste 13 minutes de heat. Gardant à l’esprit leur volonté du premier jour, « conditions correctes pour que tout le monde puisse s’exprimer », je reste sagement au pic car il était évident que tout le monde ne savait pas s’exprimer là-dedans.
Mon raisonnement était que, si je prenais une vague, c’était avec le risque de perdre mon placement, ne plus savoir passer la barre, perdre de mon énergie (toujours très limitée à cause de ma commotion cérébrale) et ce, pour un heat qui allait être annulé car j’allais certainement être la seule à prendre une vague. Ça me paraissait tellement absurde qu’ils maintiennent ce heat que mon bon sens m’a fait attendre qu’on soit dans des conditions correctes.
6 minutes avant la fin du heat, je n’arrive pas à voir le drapeau des juges qui dit que c’est toujours ON mais, en même temps, il me semblait n’être qu’une question de temps avant qu’ils annulent. Nous ne sommes que deux au pic, Maria est au large, mais 200 m plus loin. Elle n’aura pas le temps d’arriver. La quatrième est en galère dans les vagues.
La jeune locale, Kaelyn, finit par prendre une vague en tout droit parce que pas assez de power avec ce vent puis, elle galère à nouveau pour passer la barre. Je vois que c’est loin de nous permettre de faire quelque chose de sportivement correct alors je ne craque pas. Tout le monde attend une annulation qui ne vient pas.
Oui, maintenant que je sais qu’ils confirmeront coûte que coûte ce heat, tactiquement, c’était une erreur terrible. J’étais si proche d’une victoire si simple, mais en même temps est-ce un heat sportivement correct ? Absolument pas. Je m’en mords les doigts mais je me console en me disant que n’aurais pas eu de saveur à gagner quelque chose pareil.
Une fois que j’ai réalisé ce qu’il s’est passé, j’étais énervée contre moi-même d’avoir joué la carte de la sécurité. D’autant qu’en retournant sur la plage j’ai scoré une vague comme j’aime. Ce spot a vraiment un beau potentiel de régalade. J’imagine facilement comment il doit être top quand il y a un vent correct.
J’essaie de me ressaisir tant bien que mal pour le second heat. J’ai bien compris que la stratégie des juges a changé que tout heat, même non équitable à ce point, sera validé. Maintenant, ils vont voir ce dont je suis vraiment capable dans ces conditions.
Je m’y prend 40 min en avance pour passer la barre. Je finis par réussir au bout de 35 minutes. Le vent était plus light et plus on shore, c’était encore plus compliqué à sortir. Le heat des hommes d’avant n’était pas glorieux, notre heat était encore pire. Encore moins de power pour prendre une vague. Nous ne sommes pas sur les mêmes conditions que tout à l’heure, mais je n’abandonne pas.
En parallèle, je commençais à ressentir les premiers signes de commotion cérébrale : perte d’équilibre, mal de mer, pensées intrusives ce qui signifie que j’étais déjà en train de dépasser les limites de mon corps en convalescence. Avec en plus la frustration de ne pouvoir performer dans de telles conditions, le mental a commencé à dérailler 3 minutes avant la fin. Toujours pas une vague à mon actif, une crise de panique pointe le bout de son nez. Nickel, comme si j’avais besoin de ça !
J’ai donné tout ce que je pouvais pour même choper une petite vague de merde mais le vent était trop light, je n’ai pas réussi. On a fini par toutes rentrer à la nage. Maria Andres et moi les larmes aux yeux qu’un heat pareil se fasse confirmer. Dans ce heat, à nouveau, uniquement une femme sur quatre a réussi à surfer une vague dans les dernières minutes du temps imparti et c’était les pieds hors des straps. Après nous, le heat des hommes a été annulé car eux non plus n’arrivaient à rien faire.
Certains peuvent se demander s’il y a pas des règles concernant ce genre d’épisode : non il n’y en a clairement pas, c’est au bon vouloir du juge que les choses se décident…
Je ne comprends même pas comment les deux seules vagues de la compétition ont pu compter mais c’est le jeu que les juges ont choisi de jouer. Un résultat coûte que coûte, peu importe ce qu’on fait.
Un meeting a été organisé à la fin de la journée avec toutes les filles et la cheffe juge. Des excuses ont été faites en privé, mais aucun réajustement n’a été proposé pour autant alors que nous étions toutes d’accord pour annuler les deux heats qui étaient clairement insensés.
La dernière journée, nous étions à Zarapas avec des vagues logo high et du vent side. La veille a tellement traumatisé la jeune locale qu’elle s’est mise à l’eau avec une 5,4 et une planche de free ride volumineuse. Mais honnêtement, ce jour était correct, ce qui a péché était plus personnel. J’ai clairement loupé ma stratégie et j’ai donc finis deuxième au seul heat de la journée.
Oui, j’étais déçue/énervée, mais la différence est que ce sentiment est envers moi-même et ça, je sais le gérer. Par contre, celui de la veille, j’ai encore du mal à l’avaler. D’autant qu’après ce fameux fiasco, un meeting avait été organisé avec la cheffe juge et on nous avait promis un quatrième heat pour compenser. Malheureusement, il n’a jamais eu lieu alors qu’il y avait des conditions.
Je ne donne délibérément pas le classement générale car il ne me semble pas être correct. Avoir dans les résultats deux heats sur trois avec une seule femme sur quatre qui score à moitié, c’est écœurant pour la femme dans le sport. Imaginez l’inverse chez les homme, les masters ou les jeunes ? Personnellement, je n’y arrive pas.
J’ose espérer que cela aura marqué les juges autant que ça a marqué les compétiteurs et qu’ils ne feront pas la même erreur dans le futur ou bien, si ça arrive, qu’ils osent reconnaître publiquement leur erreur et pas juste dans les coulisses.
Je ne garde pas de mauvais souvenir de la compétition de Puerto Rico mais du côté sportif de celle-ci. Il faut vraiment différencier l’organisation de l’event et le déroulement de celui-ci.
Je remercie du fond du cœur Irene, Nelson, Charlie et Mickael qui sont les locaux qui m’ont le plus marqué par leur gentillesse.
Un vlog va sortir en décalé de cet article car c’est manifestement plus rapide d’écrire que de monter une vidéo, ahah ! Je vous tiendrai au courant de sa sortie.
Maintenant, direction Chili, pour un nouvel event, une nouvelle énergie.
Ciao,
Coco