Dernièrement, nous avons eu un très bon forecast pour la Guadeloupe. Avec Morgan, nous nous sommes dit qu’il serait bien d’aller scorer du bâbord pour changer. Ces quelques jours m’ont fait réaliser plusieurs choses.
Déjà, je réalise comment on peut facilement s’enfermer dans une routine et juste se contenter d’aller sur un spot et c’est tout. D’autant plus quand on habite devant un spot comme moi ! Dernièrement, j’étais surtout au Moule pour naviguer tribord en surfsailing parce que « flemme de prendre la route ». Mais la route dont on parle c’est 20-30 min grand max pour les spots bâbord les plus proches et certains proposent même du vent plus fort par effet de côte. Ce n’est pas grand-chose quand même ! Mais nous ne sommes pas les seuls à se faire prendre dans cette routine. En discutant avec la communauté de windsurfers de l’île, j’ai découvert que quelques-uns qui habitent depuis toujours en Guadeloupe ne sont jamais allés sur certains spots de l’île. Pourtant, quelle chance on a d’avoir autant de possibilités… Juste la possibilité de faire une session tribord puis, dans la même journée, rouler 30 minutes pour choper une session bâbord, c’est du luxe !!
Ça, c’est l’autre chose que j’ai réalisé. Quelle chance nous avons de pouvoir choisir son playground à la carte comme ça. Par exemple, à Sainte-Anne en partant d’un même point, il y a 4/5 vagues possibles. La Digue pour du surfsailing dans des vagues plutôt creuses, mais attention le reef ; Kalif pour du side on qui est un bon training de compétition, autant en saut qu’en surf ; La Kom pour un petit bol très sympa qui te permet aussi de te satelliser en saut… Et ça, dis-toi que ce sont les options pour un seul spot ! Maintenant, Ste-Anne est un peu le spot de prédilection de Grande-Terre. Notre volonté pendant ce coup de vent était de voir autre chose, il y a d’autres lieux moins fréquentés comme Bois Jolan ou Salines et qui proposent aussi différentes vagues. Alors nous avons testé. J’ai redécouvert Salines, un spot sur un reef en dehors d’un lagon très sympa ! La vague nous permet de faire 3/4 turns avant de tirer un bord dans le lagon pour ensuite prendre de la vitesse et sauter sur la première section surfable. Un régal ! On y retournera pour sûr plutôt que de se « contenter » de nos habitudes.
Ensuite, il y a mon spot coup de cœur qui demande un peu plus de route mais que j’aime particulièrement. Il est peut-être considéré par certains comme étant un spot casse-gueule et casse-matos, mais au-delà des conditions, il me reconnecte à mes origines. Il faut donc descendre à Trois-Rivières pour aller à la pointe de Batri et c’est là que tu peux te fritter à BAD GIRL, la vague en face d’un fortin. C’est aussi un spot bâbord qui donne plus de vent qu’en Grande-Terre grâce à un effet venturi avec les îles des Saintes en face. Alors, quand tu arrives, tu grées sur un terrain de foot en face du spot puis tu te mets à l’eau. Ce terrain, j’y faisais du cerf-volant, petite, avec mon papa. Puis, il est décédé lors d’un accident et nous avons déménagé en Métropole pour nous rapprocher de la famille. J’ai pris dix ans à revenir sur mon île, grâce à une amie d’enfance très chère à mon cœur. Durant les années que j’ai passées en Métropole, Jamaïne aussi devenait férue de windsurf et, par cette passion commune, on a reconnecté. Elle m’a épaulée pour mon grand retour et nous avons navigué ensemble sur ce spot. A l’époque déjà, c’était symbolique pour moi d’être là, avec elle. Puis, il a fallu qu’elle aussi nous quitte quelques années plus tard. Ça a encore plus explosé la symbolique de ce spot. D’ailleurs, c’était l’anniversaire de son départ récemment, quatre ans que la Guadeloupe pleure son envol. Notre Jamaïne Carlotti… Un rayon de soleil qui faisait toujours à fond ce qu’elle entreprenait. Je peux dire sans aucun doute que sans elle, ma vie n’en serait pas au point où elle est aujourd’hui.
Et c’est ainsi que la boucle se boucle, mesurer la chance que nous avons d’arpenter un playground tel que la Guadeloupe. Enfin, n’oubliez pas, si ça vous intéresse, j’immortalise mes sessions dans des vlogs et, typiquement, durant ce coup de vent, j’ai pu sortir deux vidéos, chacune présentant deux voire trois spots différents.
A bientôt,
Coco Foveau