Championnat du monde de vitesse ISWC 2024, Le Rouet (La Palme)
C’est un véritable exploit que vient de réaliser le géant Belge Vincent Valkenaers mercredi 24 avril dans une tramontane à 50 nœuds. Il vient d’établir un nouveau record de vitesse sur une compète officielle en mer ouverte, un run stratosphérique de 46,32 nœuds de moyenne sur 500 mètres : Une première ! Certes, on reste bien loin du record du monde en canal détenu par Antoine Albeau depuis 2015 avec 53,27 nœuds (plus de 98 km/h), mais c’était sur un canal à Lüderitz. A 29 ans, Vincent, charpentier dans la vie, s’impose devant deux monstres de la vitesse, Antoine Albeau (45,47) et Hanz Kreisel (45,18) ainsi qu’un double champion du monde de Slalom Matteo Iachino (45,43).
5 manches courues dans une Tramontane puissante
Du 21 au 30 avril, 43 hommes et quatre femmes parmi les windsurfers les plus rapides de la planète sont réunis dans l’Aude près de Leucate pour le championnat du monde de vitesse. Le principe est simple sur le papier, aller le plus vite possible entre deux bouées distantes de 500 mètres durant quarante-cinq à soixante minutes, voire plus si le directeur de course Principe Baldini décide d’une extension.
Le classement de la manche ? On fait la moyenne des deux meilleurs chronos sur le run. Ensuite, comme pour une compète de planche classique, c’est celui qui totalise le plus faible nombre de points au cumul des manches, le plus régulier, qui remporte la timbale.
Après trois jours de course, les 22, 23 et 24 avril dans une Tramontane forte et à l’issue de cinq manches, Vincent Valkenaers chez les hommes, Heidi Ulrich chez les femmes et Cyril Evrard chez les jeunes ont été les plus réguliers. Le retour de la Tramontane n’étant pas prévu avant la fin de la course, on peut les sacrer avant l’heure champions du monde 2024. En parallèle, la course en foil n’est pas terminée.
Il faut être dans le bon wagon pour scorer
Si la Tram a soufflé fort ces trois jours de course sur le spot du Rouet, les coureurs devaient composer avec de sérieux changements d’angles de vent (de 110 à 130 °) et des molles de vent sur le run. Ainsi, au-delà de la glisse, il fallait une pointe de réussite au rouet.
A l’image de la manche n°5 où c’est dans les dernières minutes de course que Vincent établi ce chrono fou de 46,32 nœuds dans une bourrasque plus forte et plus constante avec un angle parfait au raz de la plage. Pendant ce temps, d’autres bataillaient à remonter le run, impuissants. C’est le jeu de la vitesse !
Un joli coup permis grâce à l’expérience de Principe, le chef d’orchestre du POS, qui sentant le vent prendre des tours après une heure de course, décide de rallonger la sauce de vingt minutes. Et ça paye !
Ces trois jours de course ont été disputés entre quatre hommes qui ont tous remporté une manche (NDLR : deux pour Vincent), d’un côté les géants Valkenaers (BEL) et Kreisel (NED) grands spécialistes du speed en mer du nord et de l’autre deux champions du monde PWA, Albeau et Iachino (ITA). A l’image de la manche n°5, cela s’est joué à très peu entre ces quatre-là qui sont à plus de 44 nœuds de moyenne sur deux runs.
Juste derrière ce « carré d’as », Pierre Mortefon et Cédric Bordes sont aussi dans les tours. Malheureusement, ils ont raté la première manche au Rouet le lundi, retenus sur l’AFF de Marignane où ils font 2 et 3 (NDLR : Et oui pour participer aux deux compètes, il fallait soit sacrifier la première journée de speed au Rouet comme Pierre et Cédric soit la dernière journée AFF à Marignane comme Luca Pierboni et Brendan Lorho. C’est dommage !)
Pierre réalise trois belles manches de cinq en jonglant entre sa voile de 6 m² et une 5 m² d’emprunt lorsque les autres sont calés en 5,3 m² sur du matos qu’ils connaissent sur le bout des doigts. Il bataille avec trois autres glisseurs plus réguliers, l’anglais Scotty Stallman, l’inoxydable Ben Van Der Steen passé chez Gun Sails et l’infatigable Cédric Bordes, le chaperon rouge du run en Severne.
Les femmes et les jeunes en effectif réduit.
Chez les femmes, si la jeune anglaise qui monte Jenna Gibson s’offre le run le plus rapide sur 500 mètres (39,59 nœuds), c’est la femme la plus rapide au monde en windsurf (47,16 nœuds sur canal en 2022) Heidi Ulrich (SUI) qui s’impose d’une courte tête en remportant trois des cinq manches.
Enfin, chez les jeunes, Luca Pierboni (42,07) from La Ciotat, le champion du monde jeunes 2023 tombe sur plus fort que lui cette fois en la personne du Belge Cyril Evrard (43,09), le 8ème meilleur chrono de la compète toute catégorie. Le franco-hollandais Brendan Lorho, l’un sinon le plus léger de la compète, prouve également que la vitesse n’est pas qu’une histoire de poids en déboulant à 41,58 nœuds de moyenne sur 500 mètres. Souhaitons que cette ambiance du Prince of Speed sur ce spot d’exception donne envie à d’autres jeunes de venir gonfler les rangs de la vitesse, parce qu’on ne manque pas de ressource en France.
La Tram s’est tue, place à la renverse de Marin
Si le championnat se termine officiellement mardi 30 avril, la Tramontane ne reviendra pas, remplacée par un fort coup de marin qui va inonder la plage. D’ici là, la compète de foil reste en veille en comité restreint puisqu’ils ne sont que six.
Bravo à l’équipe du Prince of speed dirigée par Principe Baldini, l’homme à tout faire, passionné de glisse et travailleur acharné, capable de réunir un superbe plateau sur probablement le meilleur spot de vitesse au monde en mer ouverte.