Interview : Fabien Pendle

Depuis son arrivée dans les années 75, la planche à voile a suscité des vocations, de l’enthousiasme, créé des mythes, des histoires incroyables, engendré aussi, parfois, des drames. Des hommes et des femmes ont marqué cette histoire, comme ils ont marqué celle du magazine que vous tenez entre vos mains. Petits retours en arrière en quelques figures emblématiques…

Nous continuons cette série de « Que sont-ils devenus? » par Le Grand Blond, le Géo-Trouvetou sans cesse sur la brèche, le roi de la vie marseillaise :

Fabien Pendle

 

Quand et comment as-tu commencé la planche à voile ?

Assez tard en fait, j’avais treize ans et mon père avait acheté une planche en polyéthylène style Windsurfer, une Strada…

 

Et la compétition?

J’avais peu de moyens et j’ai commencé grâce aux tournées d’été Malibu Fanatic – juste avant la loi Evin! C’était la dernière année et il se trouve que j’ai gagné la finale. Bernard Hennet, patron de Fanatic à ce moment-là, croyait beaucoup en moi. Il y avait un budget international de trente mille francs à gagner. Et en fait, Bernard a réussi à persuader Malibu et à me récupérer un budget de cent cinquante mille francs. Et là, du jour au lendemain, je me retrouvais avec des planches à ne plus savoir qu’en faire et de l’argent, c’est comme ça que j’ai démarré.

 

Du coup, tu as intégré un circuit de compétition “classique” ?…

J’avais seize ans, j’ai arrêté l’école et je suis parti m’entraîner à Tarifa. J’ai participé au Championnat de France, je suis vice-champion du monde à dix-huit ou dix-neuf ans puis champion du monde en planche de série : les gens commencent à croire en moi. Je suis le nouvel arrivant, un peu fou, les cheveux longs, un peu branleur, un peu fêtard, mais avec du potentiel ! Les courses ont enchaîné avec, entre autres, la Torche en 1986, mais surtout, l’étape de Coupe du monde où j’ai marqué les esprits, en 1989, au Japon. Robby gagne la course tandis que moi, à la surprise générale, je fais deux ! Personne ne me connaissait, j’étais tout tremblant sur le podium… C’est vraiment cette course qui a lancé ma carrière !

 

Et la suite, alors?

Ça a été un révélateur, à la fois pour mes sponsors, mais aussi pour moi : je suis entré dans le team international où je me suis retrouvé avec les Grands ! J’ai mis de côté le championnat national à ce moment-là pour ne me consacrer qu’à la Coupe du monde (jusqu’à dix-huit courses par an! rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui), même si j’ai participé à la demande de mes sponsors à quelques épreuves promotionnelles, en “guest-star” ! (rires) C’était une époque géniale où l’on voyageait en permanence, le matos évoluait tout le temps, nouvelles planches, nouveaux ailerons, nouveaux mâts, tout était libre! On a vraiment vécu la transformation de ce sport, en partant de la planche à dérive jusqu’à ce qui se fait aujourd’hui. J’ai arrêté il y a quinze ans, les bases étaient déjà posées!

 

Ta reconversion est venue comment?

Le windsurf a remplacé, dans tous les sens du terme, mes études. J’ai créé ma marque de voiles, Spacedog. J’étais seul à tout faire : mes designs ici à Marseille, la production en Chine, la tournée des shops pour les vendre, je courais avec… Je faisais tout et donc des erreurs commerciales et j’ai dû arrêter, malheureusement.

 

Quelle a été ta production?

J’ai fabriqué dix mille voiles en tout, j’étais même devenu un problème pour les grandes marques. Dans certains magasins, on me disait : «Tes voiles sont super, mais je n’en vendrais jamais plus de cinquante. Si je le fais, les autres marques vont me couper les vivres.»

 

Et après Spacedog?…

J’ai rencontré Michel Gamet, qui a distribué Fanatic, importé Volcom en Europe puis la marque Kulte. Je cherchais du boulot, il m’en a donné en tant que coordinateur de travaux. Et très vite, je lui ai proposé de réaliser moi-même les meubles pour ses boutiques – ce que je n’avais jamais fait. Mon travail lui a plu et je suis resté six ans avec lui. J’ai développé ma ligne de meubles, un système très simple, presque du Lego : trois caissons, trois étagères, quatre tailles de montants et un système de crochets. Avec ça, tu fais sans problème un linéaire de dix mètres pour un magasin, un restaurant, un espace de coworking et bien sûr des particuliers qui pourront prochainement configurer leur meuble en ligne et le recevoir chez eux.

 

Navigues-tu toujours?

De temps en temps, ici, à Marseille. Et toujours en Spacedog!

 

www.pendleproject.com

À lire sur le même sujet